Quelques coups de manivelle et le moteur de la pirogue se met à tousser irrégulièrement. Comme prise de soubresauts, notre embarcation prend de la vitesse et fend la surface lisse du canal.
Notre capitaine avait pour contrat de nous déposer à l’hôtel, au sud est du lac, mais après une rapide négociation, il fait un crochet par Nyaung shwe, la ville principale du lac, située à une heure de pirogue au nord.
L’accès à la petite ville se fait par de larges canaux bordés d’habitations en briques, posées sur les berges et de constructions sur pilotis.
Débarqués sur le quai, nous nous entendons avec notre batelier sur une pause citadine de deux heures.
Les rues sont calmes et pour la première fois depuis notre arrivée sur le sol birman, nous croisons régulièrement des occidentaux. Ici, le moyen de déplacement privilégié par les touristes semble être le vélo. Avec 70 kilomètres de rando dans les jambes, nous éliminons d’office ce mode de déplacement. C’est donc à pied que nous parcourons les rues du « centre ».
Après une petite pause « terrasse » et quelques emplettes, nous retrouvons notre embarcation et son propriétaire à l’endroit où nous les avions laissés.
Après quelques manœuvres à la perche pour se sortir de cet enchevêtrement d’embarcations, le moteur tousse à nouveau et c’est parti.
C’est après une bonne heure de navigation sur les eaux tranquilles du lac que nous atteignons notre hébergement. Pour la toute première fois de notre vie, nous avons réservé dans un « resort ». C’est la basse saison et tant les tarifs que la fréquentation semblent être au plus bas.
L’entrée se fait dans une sorte de lagon bordé de haies de jacinthes d’eau.
Une vingtaine de bungalows sur pilotis sont alignés de chaque côté du bâtiment principal. Dès notre approche, quelques membres du personnel se saisissent d’instruments de musique et entament une musique traditionnelle de bienvenue. Le spectacle est enfantins mais très amusant (vidéo à venir).
La chambre est plutôt spacieuse et point fort, une très jolie terrasse donnant sur le lac et sur laquelle nous nous projetons déjà à l’apéro. Ce sera l’endroit idéal pour déguster la bouteille de vin que nous avions achetée à Pyin Oo Lwin.
Les sacs posés et nos corps sales débarrassés de la boue de la rando, nous démarrons ce séjour lacustre avec un « bon » verre de vin. J’affiche une réserve sur la qualité du vin qui soit n’a pas très bien voyagé soit n’est pas tout à fait le même que celui que nous avions gouté lors de son achat. Mais quoi qu’il en soit, c’est tout de même bien agréable…


Nous terminerons la soirée par un bon repas au resto de l’hôtel, quelques lignes de mon roman et une bonne nuit sous la surveillance de notre jolie moustiquaire.
Jour suivant
C’est ce matin la lumière du soleil qui nous réveille.
Le temps d’avaler un délicieux petit déjeuner et nous voilà installés dans la pirogue. Réservée hier au soir, nous avons prévu de passer la journée sur le lac pour en découvrir les trésors cachés. Notre chauffeur n’est pas très souriant mais nous ferons avec. De toute façon, il est aux commandes à l’arrière et nous devant, et le vacarme du moteur empêche toute communication.
Nous traversons le lac d’Est en Ouest et croisons quelques pêcheurs affairés à la tâche.
Les embarcations des hommes de l’eau sont petites et certaines sont tellement chargées que leurs bords ne sont qu’à un petit centimètres de la surface de l’eau. Cela semble ne pas trop les perturber. Munis d’une grande perche qui leur permet de gratter le fond du lac, ils ramassent d’énormes paquets d’algues qu’ils ramènent sur leur embarcation. Certains ont amassé des quantités incroyables formant des tas de plus d’un mètre de haut.
Arrivés dans un premier village dont les maisons sont construites sur pilotis, notre piroguier s’arrête dans la « station service » pour faire le plein de carburant.
A peine repartis, notre embarcation s’arrête au pied d’une grande maison dans laquelle des femmes tissent des étoffes sur de vieux métiers en bois. Il s’agit d’une filature de tissus confectionnés en fil de lotus. Une charmante demoiselle nous propose une visite guidée des lieux avec quelques explications dans un anglais relativement correct. La place est touristique et cela se sent. Nous finirons d’ailleurs la visite par le magasin. Le tissu de lotus est magnifique et nous ‘craquerions » bien pour un petit souvenir mais les étiquettes apposées sur les produits vont très vite nous faire changer d’avis. A 250 $ l’écharpe, nous préférons attraper un rhume.


L’arrêt suivant nous permet de découvrir les méthodes locales de forge. Ici, c’est le paradis de la récupération. la plupart des lames sont fabriquées à partir de lames d’amortisseurs. Un pan de mur entier fait office d’étale sur laquelle des dizaines de couteaux sont exposés, dans l’attente d’un client. Je craque pour une belle lame qui nous obligera à mettre au moins un bagage en soute lors de notre retour, mais tant pis, j’ai très envie de ce couteau. J’aime les formes élégantes que les forgerons asiatiques donnent à leurs créations.
Un peu plus tard, c’est dans une fabrique de bijoux en argent que nous nous arrêtons.
C’est cette fois au tour de Fabrice de craquer pour une jolie bague arborant une tête de mort. Légèrement trop grande, l’artisan devra faire quelques retouches.
Un peu lassés de ces visites un peu trop « touristiques » (je sais, nous ne sommes que des touristes) à notre goût, nous demandons à notre chauffeur de changer le programme. Nous tentons donc le marché flottant puis demandons à aller voir les femmes girafes. Arrivés sur place, il s’agit une fois de plus d’une sorte de boutique dans laquelle les locaux ont laissé une petite place à ces femmes pour la journée. Elles habitent en fait dans les montagnes et quelques une d’entre elles descendent la journée pour récupérer quelques billets des touristes de passage.


Après une bonne demie heure de pirogue sur les canaux du lac, nous arrivons au village Indein.
La bourgade abrite un petit joyau bouddhiste, la pagode Shwe Indein. Après nous être acquittés d’un droit photo/vidéo de 500 Kyats, l’accès se fait par une grande allée bordée de colonnes et d’étale de marchands.
Une charmante dame nous invite à bifurquer pour quitter l’allée et nous découvrons alors un site fascinant. Quelques vieilles pagodes abandonnées servent de terrain de culture à mère nature. Certaines sont effondrées, d’autres encore debout se sont coiffées de chapeaux de végétaux. L’ambiance est extraordinaire.
C’est tout au bout de l’allée que nous trouvons la pagode. Certains sont venus prier pour quelques bonnes grâces dans la salle principale pendant que d’autres se promènent entre les dizaines de petits dômes dorés et colorés.
Notre pirogue nous attend à l’embarcadère. nous reprenons la route (euh, enfin, les canaux) et partons en direction des jardins flottants.
Les paysans ont ici adopté un mode de culture original et font pousser des hectares de légumes dans les eaux du lac, entre les allées de jacinthes.
Nous terminons cette ballade lacustre au monastère Nga Phe Kyaung. Construit sur pilotis, ce monastère en bois est nommé « monastère des chats sauteurs » et on lit encore dans certains guides que les moines ont dressés les chats pour sauter dans des cerceaux… mais plus aucune trace des chats sauteurs ! Cependant le monastère reste intéressant à visiter pour ses intérieurs dont la grande salle de prière et sa vue sur les jardins flottants.
De retour à l’hôtel et après un encas au resto, nous partons visiter les alentours. Le village de Ywama se trouve à quelques kilomètres et une ballade à pieds sera des plus appréciables.
Une piste de terre bordée de quelques maisons isolées nous mène jusqu’à une vaste étendue de champs cultivés.
La soirée sera calme, un bon repas, une bonne bouteille et le café en terrasse avec un bon bouquin…
Jour suivant
Après un réveil sous la grisaille…
Le soleil fini par percer le ciel bouché et enlumine notre sympathique petite terrasse.
C’est en pirogue puis en taxi que nous rejoignons la gare routière où nous attendrons notre bus pendant deux bonnes heures.
A suivre…
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